Concours de rédaction en prison 2021« Ils m’appellent le rat »Johannes J., détenu à l'institut socio-thérapeutique de la prison de Bochum, Rhénanie-du-Nord-Westphalie
Plus de 300 détenus de 80 prisons et cinq jeunes en détention pour mineurs ont participé au concours, qui était organisé par le groupe de soutien aux bibliothèques des prisons allemandes en coopération avec l'Institut de l'UNESCO pour l'apprentissage tout au long de la vie (UIL), le ministère de la Justice de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le projet de lecture allemand KonTEXT de Munich.
Le jury a sélectionné 10 projets gagnants et a décerné à un jeune en détention pour mineurs un prix de reconnaissance spéciale.
Lors de la cérémonie de remise des prix, qui a eu lieu à la prison de Bochum en novembre 2021, Johannes J. a présenté son œuvre récompensée, « Ils m’appellent le rat ».
de vers, de lignes et de poèmes,
que la vie écrit chaque jour,
n'est important que ce qui reste ».
Gribouillage mural, salle de détention du « rat »
Les gens autour de moi
ne pensent que ce que je pense,
quand je pense ce qu'ils pensent,
ne ressentent que ce que je ressens
quand je ressens ce qu'ils ressentent,
et ne croient que ce que je crois
quand je crois ce qu'ils croient,
tout cela n'a donc plus beaucoup de sens ! »
« Hé rat, t'as entendu ? »
« Hé rat, tu es au courant ? »
En prison, les gens ne vont pas directement à l'essentiel. Celui qui a une info l'introduit en principe d'abord abondamment. Le bouche à oreille transmet l’information plus sûrement et plus fort que Radio Gaga.
« Non, cela ne fait que 14 secondes que je suis dans le couloir », ai-je précisé.
« Mecki a voulu se faire la malle. Mais nous l'avons trouvé de justesse ». Se « faire la malle » signifie ici se suicider.
Mecki avait donc probablement tenté de se suicider. Ce genre de choses faisait toujours beaucoup de bruit.
« Mecki avait littéralement encore des squelettes dans le placard !"
« La petite amie de Mecki l'a trompé dehors ! »
« Mecki a des dettes envers l'égorgeur ! »
« Hé, le rat, on va parler », m'a-t-il salué d’un ton sec typique.
« Cem, bonjour, je n'ai pas vraiment la tête à ça en ce moment. L'histoire avec Mecki me donne du fil à retordre », répondis-je.
« Allez, mon frère », ici, on faisait toujours directement partie de la famille dès qu’on pouvait être utile à quelqu’un.
« Je te donne aussi des informations sur Mecki. Une main lave l'autre », a-t-il poursuivi.
« Bon, qu'est-ce que tu as sur le cœur ? », ai-je accepté son offre.
« Garde ça pour toi. Mecki me donne aussi du fil à retordre. Moi aussi, je suis sur le point de m'effondrer. Au bord du gouffre.
J'écris déjà des poèmes. C'est comme si un Viking se mettait tout à coup à faire des petits pâtés. Je vais t'en montrer un :
Maman était une Beatle,
je n'étais même pas bricoleur,
tout au plus un raté,
Papa aimait les disques,
maman aimait les blagues,
Ce n’est que dans la seringue
que j'ai fini par trouver cet amour.
Je remarquai que je levais les yeux au ciel, comme au ralenti.
"Cem, c'est vraiment génial. Je crois que tu as trouvé là quelque chose que tu devrais absolument poursuivre. C'est sûr que ça te donne déjà une liberté incroyable, au moins intérieurement. Crois-moi, je passerai demain et je t'apporterai un petit mélange fabriqué dans mon laboratoire. Et puis ça redeviendra aussi plus optimiste. Attends de voir ».
Cem esquissa un sourire du coin des lèvres et cligna de l'œil en signe d'approbation.
« Top, ça aide toujours. Bon, à moi alors. Oublie un peu toutes ces rumeurs stupides. Mecki était encore chez moi hier. Complètement désespéré, le gars. Et maintenant, son chien est mort dehors. Son dernier lien avec la liberté.
Rat, réfléchis un peu. C'est à cause de ça qu'il veut se faire la malle. Comment en est-il arrivé là ? Il faut absolument que tu l'aides d'une manière ou d'une autre ! ».
La confiance originelle grâce à l'amour, je ne l'ai malheureusement jamais connue,
je ne suis jamais allé, détendu, du lit à la salle de bain,
tout perclus de douleurs, du berceau à la tombe !
Tout d'abord, je me suis rendu dans mon laboratoire pour préparer un bon mélange pour lui. J'arrivai à un bon résultat, me ressaisis et, en tournant brièvement la tête, je découvris dans le miroir une solution à mon problème. Une cloque due à la brûlure, grosse comme un œuf, s'était formée sur ma lèvre endommagée, un peu dégoutante à regarder. Il fallait que je trouve de toute urgence une pommade, et il n'y en avait qu'à l'infirmerie. Le thé vert soit loué !
« Qu'y a-t-il Schneider ? », me demanda une voix métallique.
« Monsieur Dorner, je me suis bien brûlé la lèvre, il faut que j'aille d'urgence à l’infirmerie », croassai-je comme un corbeau blessé.
« Bon sang, bon sang, Schneider. Vous êtes un rat de bibliothèque. Levez les yeux de votre livre quand vous buvez. J'arrive tout de suite ».
« Bibliothèque pénitentiaire »
À propos de
Lire, écrire et utiliser une bibliothèque pénitentiaire peut ouvrir un monde au-delà des barreaux de la prison, permettant aux détenus d'oublier pour un temps la dure réalité de la vie carcérale. Les initiatives d'alphabétisation peuvent bénéficier aux individus de tout âge en réhaussant leur conscience de soi et en améliorant leur capacité à exprimer leurs idées et leurs sentiments. Cela favorise en retour leurs capacités d'adaptation et de résolution des problèmes et représente donc un outil de transformation puissant pour leur développement personnel dans l'environnement carcéral.
En savoir plus Lire derrière les barreaux : le pouvoir de transformation des bibliothèques en milieu carcéral.